Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
RADICALISATION DOMESTIQUE

B 01 - Ma pierre à la mystification identitaire

Rédigé par saïda b Publié dans #Société - Education, #Morale

Mon témoignage est une ultime initiative de ma part dans mon effort d’intégration à une société qui semble mue par une dynamique de désintégration. Dans un univers où l'excès d'innovations conceptuelles le dispute à l’excès de rituels rétro, et l’excès de professions de foi humaniste à celui des exclusions, l'écriture m'a servi pendant plus de vingt ans à la fois de refuge, bouclier, filtre, et carburant. Elle m’a certainement préservée du scepticisme qui tue l'espoir et mène certains à la dépression, d'autres à la délinquance, d’autres à la politique. Non par vocation, mais en réaction instinctive de survie à un excès de non sens dans leurs vies. Si c'était par vocation, tout le monde serait heureux dans ce qu'il fait, et je n'aurais pas à tant écrire. Mais l’espoir ne fait plus vivre. C’est au contraire le dés-espoir qui constitue un dénominateur commun, qui peut faire fuir, résister, ou attaquer-menacer* ... Comme la faim pousse à la recherche de nourriture, l'orage d'un abri, la peur d'un secours. C'est un besoin de cette nature qui m'a donné la force de tenir ferme dans des situations qui semblaient sans issue dans mon rapport à des services fondamentaux : l'école, les services d’action éducative, les services d'insertion professionnelle.

Le thème du sentiment d'identité nationale m’a fait l’effet d’une indécence politique. J'y réagis en puisant mes arguments dans mon expérience personnelle. Quel que soit le sujet abordé, il me sert à interroger le sens, la difficulté à honorer les valeurs qui rendent possible une vie en société. Chaque situation est une anecdote singulière ; un incident sans conséquence. En revanche, l'ensemble des instantanés donne une image animée d’une débandade générale qui correspond nécessairement à un moral de souche.

La relecture permanente de mes réactions m’a entraînée à l'autocritique. A chaque lecture, je me suis demandé si mes idées pouvaient faire du sens pour quiconque d’autre que moi ; si elles pouvaient être entendues par les destinataires originaux ; si j’étais toujours d’accord avec moi-même. Je le reste. Les originaux, qui m'ont servi à rendre coup pour coup, ont été adaptés, précisés, condensés, afin que le rapport entre les situations évoquées et les réflexions qu'elles m'ont inspirées conserve sa cohérence pour le lecteur.

A l’origine, mon témoignage se voulait juste une illustration vivante de l'arbitraire de la propagande faite contre nos têtes de Français de culture musulmane. L’argument étant : si c'est toujours la terre qui porte l’arbre qui porte la branche qui porte le bourgeon qui donne la fleur qui donne le fruit qui donne la graine, la délinquance vient au stade du fruit mûr ; ou de la graine. Dans un moteur, elle n’est pas à l'allumage mais dans le processus de combustion donc dans les gaz d’échappement. Faire la morale aux jeunes, les amuser ou les sanctionner sévèrement ne réduira pas le volume de CO2 et de particules cancérigènes qui s'accumulent dans l'air, nous étouffent, et produisent des réactions instinctives de violence en réaction à une asphyxie lente de nos globules rouges et de notre raison. Au fur et à mesure de l’organisation de mes réflexions, j’ai eu le sentiment que l’attaque sournoise au sentiment d’identité nationale s’inscrivait dans une logique d’exclusion nationale, dont voici deux expressions consacrées.

1 « Interdit à toute personne étrangère au service » illustre une pratique autoritaire dans une société organisée en castes d’experts[1] étanches les unes aux autres, chaque caste se conduisant comme si elle était en danger imminent d’une OPA hostile de la part de toutes les autres castes à la fois. Un esprit apaisé dirait les choses de façon plus courtoise : veuillez vous adresser à tel service ; ces bureaux sont réservés à telle fonction ; ce service n’assure pas l’accueil des usagers … N’importe quoi pourvu de ne pas réduire l’usager égaré à un intrus malvenu, inopportun, fraudeur[2].

2- La formule emblématique « Nul n'est sensé ignorer la loi » pose une interdiction formelle de ne pas savoir. Elle est à la fois l’illustration d’un pouvoir monarcho-divin égo-centré et d'une barbarie absolue qui impose de détenir une information que personne ne s’impose de donner ni ne s’assure qu’elle parvienne aux destinataires, qui devrait pouvoir la comprendre, l’analyser, et en extraire la substantielle moelle afin d’en faire un usage conséquent. Cette interdiction absurde fait pourtant force de loi, et tout le monde l’applique à la lettre ; de la façon la plus arbitraire qui puisse être[3].

Le même principe régit le système de notation et d’évaluation scolaires. Cette injonction négative irréalisable nous informe que les détenteurs du dogme ne sont pas suffisamment intelligents pour ne pas ignorer[4] que ce commandement s’adresse à qui ne peut pas savoir, vous et moi, et qu’il est par conséquent inconséquent. Il constitue de fait une violence inqualifiable identique à la sanction infligée à un enfant qui ne comprend pas la règle de trois[5] : « Tu ne sais pas, ne comprends pas, ne peux pas ? Puni ». « Tu es tombé de là où il t’est interdit de monter ? Puni » « Tu as sommeil ? Puni »

Ces deux formules impératives ont façonné le psychisme français plus sûrement que la devise « Liberté, Égalité, Fraternité ». Une telle emprise de l’interdit sur les comportements nous informe que dans l’esprit de tous, il n’y a rien d’autre à partager que la conscience d’une étanchéité à double tranchant entre des catégories inassimilables. Comme la liberté est inassimilable à la manipulation, l’égalité à la conformité, la fraternité à la charité.

Dans le même temps, un défaut d’information peut paradoxalement faire force de loi aussi. Ainsi, la scolarisation est implicitement présentée comme une obligation, alors que ce qui est obligatoire c’est l’instruction. Le fait de mettre un enfant en situation d’apprendre, c’est-à-dire d’accéder à la capacité de lire, écrire, compter, raisonner. Ce que l’école n'est de toute évidence plus en capacité de faire. Pour quelle raison cette information est-elle éludée ? Pour quelle raison l’Etat n’aiderait-il pas les particuliers ou des groupes de familles à s’organiser pour donner une bonne instruction à leurs enfants hors de l’école[6] ? Mieux : avec la collaboration de l’École.

[3] Comme celui qui consistait, dans la Russie de la fin du XIX, à dégager les israélites convertis à l’orthodoxie de leurs liens avec leurs enfants et conjoints, ces derniers étant considérés toujours mariés ; L’Antisémitisme, son histoire et ses causes, Bernard lazare, éd Contre Culture, p 126.

[4] Pour savoir, si vous préférez.

 

La connaissance de la connaissance

J’ai conscience d'un sentiment d'insécurité partagé qui alimente les extrêmes du fioul le plus puant : une peur indéfinissable de l’Autre faite d’un mélange de frustration et d’impuissance. Cela donne de la haine. Si de plus en plus de jeunes entrent dans la violence et s'y perdent, c'est peut-être parce que les inconduites des aînés les rebutent. Car enfin, que leur donnons-nous en exemple si ce n’est l’incohérence, l’intolérance, la stigmatisation, l’arnaque, la déprime, la puissance de l’argent, les ménages à plus de deux ... Leur refus d’une identification à ce qui leur est haïssable est une chance pour nous, si nous sommes capables de raison.

J'invite le lecteur à recevoir mon témoignage volontairement affirmatif comme une marque de ma considération, et m'autorise à émettre un vœu : qu'après l’avoir lu, des parents et des enfants qui ont perdu leurs marques les uns par rapport aux autres acceptent qu'ils ne sont pas en faute mais en souffrance, et qu'ils s'apaisent. Qu'ils s'accordent mutuellement le droit à l'erreur et fassent l’effort de se défaire de leurs rancunes comme on se défait d'un vêtement trop petit. Que les décideurs cessent de traiter des situations qu'ils ne connaissent pas comme un jeune illettré essaierait de configurer un appareil électronique : en suivant les instructions d'un constructeur qu’il déchiffre comme il peut …

* En sanction ultime contre les djihadistes binationaux, Marine le Pen réclamait la déchéance de la nationalité française en juin 2014. Une idée reprise avec un naturel déroutant par la droite républicaine fin 2015. Sauf à assumer franchement l'orientation xénophobe de leur politique à tous, il leur faudra trouver une déchéance équivalente à l'encontre de djihadistes de souche en fonction du degré de blancheur de leur peau. La démocratie est un exercice exigeant …

 

Schizophrénésie

La schizophrénie est un mode de gestion de la société dans lequel des notions fondamentales sont impraticables, parce que illisibles. Ainsi, je suis libre de me cacher derrière une perruque, un maquillage empesé, des faux cils, fausses lèvres, faux sourcils, faux teint, faux seins, fausse moustache, faux grains de beauté, faux bronzages. Je suis libre de dévoiler mes fesses, mon abdomen avec ou sans le nombril, mes seins jusqu'au sternum ; de me raser le crâne ou de colorer et friser ou défriser mes cheveux et ma crête. Libre de consommer ce qui affecte ma conscience de moi et des réalités, modifie mon caractère et me rend peureux, haïssable ou dangereux ; ce qui tue : alcool, tabac, antidépresseurs & Co, hormones et pseudo amaigrissants. Je peux traiter Le Pen de fasciste, les anciens harkis de « sous hommes », les jeunes de quartier de « racailles » et les autres de « cons ». Mais je n'ai pas le droit de porter un chiffon sur la tête. Ni celui d'affirmer que Le Pen est un chic type. « Quelle déchéance ...» me jettera-t-on avec dédain[1] ! Comme si Le Pen n'était pas un citoyen français de droit et de terroir, en plus d’une personne libre de ses idées. Soyons franchement laïcs. Traitons le sujet du voile sans nous voiler la face derrière les étendards d'une foi aveugle ou d'une autre. Pour une identité nationale qui intègre, ordonnons aux porteurs de perruques, lèvres ou joues empulpées, nez ou mentons customisés, de le signaler d'une façon évidente sur la voie publique. Ainsi seront-ils à égalité avec les porteuses de niqab qui, elles, ne cachent pas leur camouflage.

Ce voile sur le visage étant porté exclusivement par des femmes, on se rendra vite à l'évidence : elles constituent une quantité négligeable par rapport à l'ensemble des porteurs et porteuses de signes distinctifs non visibles à l’œil nu. Le décompte fait, l'égalité de traitement devrait bénéficier aux femmes voilées car, ou bien tout le monde est égal devant la loi et peut jouir d'une liberté égale d'être soi sous des apparences variées. Dans ce cas aucun élément perturbateur de la physionomie ne fait l'objet d'un interdit. Ou bien on établit une liste des libertés exclues du droit, que l'on met à la disposition des citoyens sans distinction. Ainsi, chacun saura quel emballage est démocratique ou pas, et sera en mesure d'arborer l'apparence qui lui convient tout en prenant les mesures de sa sécurité qui vont avec. Comme se cloîtrer ou s'exiler en connaissance de cause[2].

Montrons-nous encore plus radicaux en matière de démocratie. N'interdisons plus, exigeons … Non : obtenons une application rigoureuse du bénéfice du doute : aucune accusation n'est tolérée sans que des preuves irréfutables ne soient produites. Aucun produit n'est mis sur le marché sans une information détaillée, mise en valeur à l'attention du consommateur, et disponible. Alors seulement le niqab deviendra-t-il légitimement un problème de société, puisqu'il n'y aura plus rien d'autre que ce chiffon porté de cette façon pour nous diviser.

 

Rituels rétrogardes

Exposé à une difficulté particulière, plutôt que de chercher des alternatives innovantes avec tous ceux qui occupent le terrain, on se recroqueville sur des valeurs rétrogrades. Pourtant, pour une raison purement arithmétique, une minorité ne peut pas représenter pour la cohésion de la nation un danger tel qu’il faille la mettre en joue. Surtout pas au prix d'un accroc à ses propres valeurs ! Pour qu’un tel risque soit possible, il faudrait que les vices de la minorité disqualifiée soient plus conséquents, plus efficaces que les vertus de l’ensemble des autres composantes de la société. Dans ce cas peu probable, le facteur risque proviendrait-il des spécificités de la minorité ou bien des généralités de la majorité ? Si nous raisonnons sans partis pris, nous devrions avancer la même réponse. Dans ce cas, possible cette fois, nous conviendrions qu'une généralisation des conduites à risques ne peut provenir que d’une généralisation des conditions qui en favorisent le développement, dans des domaines socles : éducation, prévention, formation-emploi.

 

Pour cette raison le thème remis ici en question résonne comme une fausse alerte activée intentionnellement pour créer la débandade et rendre possible une évasion non remarquée avant l'arrivée du train en gare. Quelle gare ? En écho à une stratégie maîtrisée de l’embrouille, qui se camoufle dans un foisonnement d’extrémismes complémentaires et embrouille la recherche de solutions à la difficulté à vivre ensemble, j'ai la naïveté de croire que mon expérience personnelle peut être versée au dossier du contentieux. Si, avec tous les atouts dont je dispose, je reste sur le bas-côté de la vie active, c'est que le terrain n’est pas favorable à mon intégration.

 

Ainsi, pour prouver son attachement à la France, l'étranger converti, pardon naturalisé, doit depuis peu entonner la Marseillaise en chœur, et se faire prendre en photo à côté d’une résine figurant la République. Pour consacrer l’entrée en islam, en christianisme, en judaïsme, en bouddhisme, le rituel est de même nature : des gestuelles propres à chaque école. Pour consacrer leur entrée en fonction les médecins, pharmaciens, juges et présidents prêtent serment. On devenait chevalier de cette façon. Fort bien mais. Mais, d'un côté une naturalisation n’est pas une entrée en fonction ; ni un sacerdoce. Adopter une nationalité est une affaire personnelle, non une affaire de corporation. D'un autre côté, les cérémonies d’adoubement ne modifient pas l’esprit de la personne comme la chirurgie modifie la physionomie ; sans modifier l'esprit on l’aura remarqué. Si c’était le cas, il y a fort longtemps que tout le monde serait beau et gentil. Ou fou ou meurtrier. Ça n'est pas le cas. Pourquoi réinitialiser des rites vains, anachroniques, sectaires ?

 

La Marseillaise chantée en chœur par les nouveaux convertis, pardon naturalisés, en fera-t-il de meilleurs Français ? Meilleurs que qui ? Meilleurs comment ? Quels sont les critères d'évaluation du rapport conversion-mentalité ? Quel est le label de référence en matière d’authenticité entre les descendants des Gaulois, des Norvégiens, Huns, Italiens, Arméniens ... Que les derniers Français en date se conduisent mal n'est pas plus dû à une volonté de sabotage que l'échec scolaire, massif comme chacun sait, ne s'inscrit dans un projet de sabotage de l'éducation nationale par les élèves ; ou par les enseignants ! S’ils se sentaient étrangers, ces Français contestés seraient plus discrets, plus craintifs. Mais la stigmatisation de citoyens en situation administrativement régulière n’est pas la seule violation commise contre les principes de la République2.

 

Siffler la Marseillaise ou brûler un drapeau sont des actes incivils. Ils expriment un état d'esprit détestable soit, mais ils ne déterminent pas le moral des Français ni ne justifient une déclaration de guerre contre les Français de même origine. Ils n'ont pas la portée symbolique de propos de nature raciste, xénophobe, de mauvais goût, tenus par un homme politique qui récidive dans une tiédeur visqueuse de la classe politique3. Si c'était moi qui émettais des propos identiques en public, je trouverais peu de monde pour m’en excuser.

لا

L’incivilité, si elle produit des réactions émotionnelles fortes dans la société, ne concerne personne à titre individuel. La sanction infligée porte sur l’acte, et trouve son terme dans une décision de justice. La diffamation, à fortiori proférée par un officiel, est une insulte officielle commise à l’encontre de personnes identifiées. Qu'elle amuse, agace ou choque, seule la personne insultée, et/ou la communauté qui se sent atteinte, en portera une emprunte vive. La sanctionner peut donner satisfaction, sans en effacer l'effet. Non sanctionnée, elle est intériorisée comme une violence doublée d’une confirmation de non valeur de soi par rapport à celui qui insulte, et par rapport à la société qui autorise l’insulte. La banalisation de l'insulte rend illisibles les valeurs démocratiques glorifiées. Les jeunes ne font que rendre la monnaie de la pièce qui leur est donnée.

 

De quel poids pèse ma petite personne là-dedans ? Le dernier acte antifrançais en ce 15 mai 2011 concerne une affaire de mœurs attribuée à Dominique Strauss Khan en Amérique. Va-t-on fouiller dans les origines ethniques de ce monsieur afin de pouvoir attribuer cette vulgarité grandiose à ses origines étrangères ? Enfin et très sérieusement, quelle est la proportion de Français de souche gauloise parmi les détenteurs d’un pouvoir ou d’un autre dans ce pays, qui se conduisent comme des anges ? Ceux qui, se trompant d’analyse d'après mon expérience, voient dans les indélicatesses des jeunes les stigmates d’un facteur génético-culturel, font preuve d'une ignorance grave, qui devrait être légalement interdite chez des personnages politiques et médiatiques représentatifs de la Grandeur de la France. Le risque imminent de cette énième attaque contre une minorité non syndiquée est de condamner à la désocialisation des jeunes doués d’une capacité d’adaptation ingénue4, sans oublier de mettre à l'indexe le parent naïf qui ignore l’intelligence inquiète de ses petits. Alors que ces jeunes font un effort méritoire de conformité, comme ça leur est demandé en toute autre circonstance, ils sont traités de délinquants importés quand ils se conduisent comme de vrais Français. Etonnons-nous ensuite que la communication ne s’établisse pas dans ce pays. Ni entre jeunes et adultes ni entre administrateurs et administrés.

 

Si un délit lié à la citoyenneté doit être dénoncé, c'est sur des bases constitutionnelles. Ce qui commence par une définition formelle de la qualité de citoyen, des fautes retenues, des sanctions encourues, et des modalités de leur application. En attendant, mettons-nous d’accord sur des priorités  : 1/ Laquelle de l'incivilité, acte privé de nature morale (politesse, courtoisie), ou de la discrimination, acte d'injustice privé ou publique à l'encontre d'une personne ou d'un groupe, est plus dangereux pour la cohésion sociale ? 2/ Laquelle de ces deux attitudes comporte le plus de risque de produire l’autre ?

Parce que rien n’est clair dans l’esprit de personne, la société dans sa globalité est malheureuse. Un interlocuteur authentiquement français de M. ELKABACHE affirme : « Le monde de la justice est malheureux5 ». Il n'est pas le seul. Les enseignants ne le sont pas moins, ni les infirmiers6, les étudiants, les exclus de la vie active, les personnes âgées, les juges, les policiers ... Bref, la société dans sa globalité est suffisamment démoralisée pour que le suicide au travail, en prison et chez les jeunes devienne une option.

 

2 L’état des prisons, des services hospitaliers, de l’agriculture,... ; les conflits d'intérêts politico judiciaires et financiers ; les turbulences des EADS, le découragement électoral ... en sont.

4 Je pense à mes enfants, évidemment, qui ne sont pas des exceptions.

 

 

La délinquance, un apprentissage comme un autre

Jailli de nulle part à un moment de déséquilibres graves dans la société, le thème de discorde nationale contre lequel je témoigne comporte un risque objectif de réactions en chaîne en termes de détestation réciproque ; ou mutuelle. Allez savoir.

 

Le problème qui nous concerne ici étant la délinquance, juvénile entre autre, et ses manifestations spectaculaires les fameuses violences urbaines, ça pourrait nous être utile de leur assigner la place qui leur revient dans les mécanismes sociaux, dans lesquels la langue est le fil d’Ariane. Car acquérir une langue, c'est acquérir des idées et en construire soi-même sur la base de celles reçues. C’est savoir appliquer des règles qui font de cette langue ce qu'elle est : le véhicule du sens. Or, le rapport chaotique entre l’orthographe et la phonétique dans la langue française n’a d’égal que les discordances entre la langue scolaire et la langue des scolarisés, et celles entre le discours politique et les réalités sociales. Des décalages normalisés qui autorisent une interrogation : y aurait-il un rapport structurel entre les incompatibilités ainsi créées et le volume considérable de décrochage scolaire, de désocialisation, de délinquance ?

 

Le rapport de chacun à la phonétique de sa langue maternelle est un indicateur du degré d'appropriation de l’esprit de la langue ; donc de la société. Du degré d’intégration à sa niche environnementale pour employer un grand mot. Or, de même que l'acquisition des bonnes ou mauvaises manières, l’acquisition de la langue est déterminée par les circonstances de l’apprentissage. L’apprentissage initial, du berceau à la première année de maternelle, détermine la finesse de perception auditive et logique, ainsi que l’intérêt ou le désintérêt pour ce qui se passe autour de soi. L’apprentissage ultérieur permet de compléter ou réparer un apprentissage initial insuffisant ou inadéquat. Si les règles qui régissent le rapport entre les sons qui composent les mots, et entre les mots qui composent une expression logique ou phrase, ne sont pas acquises, la langue s’acquiert sur le mode des libertés individuelles : c chak un côm' y voeuz … Considérons cet aspect complexe au travers d'un exemple futile.

 

La majorité des Français prononcent « eksekrabl » le mot exécrable, comme excessif. Alors que les règles de phonétique française en font « egzekrabl », comme examin. A l’inverse, de nombreux français prononcent « izlam » le terme islam, en parfaite violation des règles phonétiques de leur langue maternelle, ce qui n'est pas futile. Pas plus que ne le seraient les prononciations conztater, azpect, coztume. Cela ne vous suffit pas ? Prononcez sensibilité, déguster, optimisme, dentiste à voix haute, en s et en z, et voyez ce qui se passe au niveau de vos oreilles et des muscles mis à contribution. Si vous ne ressentez pas de différence, de gêne, prenez vite un rendez-vous avec un orthophonizde. Le rapport avec la délinquance ? Une insensibilisation auditive à cet âge et de cette nature constitue un obzkacle infranchissable vers la perception de la Règle.

 

Si l’audition d’un enfant ne vibre pas en harmonie avec les sonorités de sa langue maternelle, c'est qu'il n’en a pas acquis la musicalité : le rythme, le tempo, la douceur ou la puissance. S’il n’a pas acquis le mode d’emploi intégral de sa langue maternelle, c’est que ces aînés toutes fonctions confondues n’ont pas la capacité de le transmettre dans son intégralité. S’ils ne sont pas en capacité de transmettre une fonctionnalité régie par des mécanismes physiologiques et sensoriels mesurables[1], ils ne peuvent pas transmettre les règles de la vie en société, qui obéissent elles à des mécanismes d'ordre psychique et symbolique non mesurables. Ceux qui détiennent un pouvoir de décision seraient bien avisés de privilégier la résolution du problème que pose le non apprentissage de la langue nationale à la promotion d’un sujet de dizgorde nationale. L'izlam n'est pas la religion des musulmans. Ce z dérisoire par sa taille et la rareté de son occurrence confère à ce mot chargé d’énergie vitale dans son registre d'origine, iSlam[2], une sonorité lugubre.

لا

L'erreur de représentation qui en découle est un révélateur d’une double défaillance : la non connaissance du psychisme national et d'une minorité de nationaux mis en ballottage sur des critères abzcons. Les enfants qui ne produisent pas les bonnes sonorités de leur langue maternelle auront du mal à entendre et distinguer les différentes catégories de logiques et du langage. A comprendre les interdépendances entre les fonctions, qui déterminent notamment le rapport à l'écrit[3]. Ils n'établissent pas de façon intuitive un lien logique entre ce qu'ils disent ou entendent et ce qu'ils constatent ou font. La raison de ce déficit étant que les sons sont de l'énergie, et que l'agencement des sons dans un mot ou une séquence de mots est régi par le principe de l'économie d'énergie qui, transposé au langage, donne ceci : mieux on utilise le langage, moins on a besoin d’énergie pour communiquer, et travailler ; moins on produit de tensions exercées ou subies[1], plus agréables, plus satisfaisantes sont les relations au cadre de vie ... Moins il y a de délinquance !

 

Un son mal prononcé ou mal placé dans un mot de façon habituelle hors causes physiologiques, des mots employés de façon inappropriée, privent l'enfant de trois sources d'énergie associées : la tonicité des sons, consonnes et voyelles, l’harmonie produite par leur agencement, et la dynamique qui naît d’une compréhension aisée[2]. Un désordre dans ce domaine réduit l'aptitude des jeunes et des adultes qu’ils deviennent à une discipline fonctionnelle, autrement dénommée autonomie[3]. De même qu’une vis mal vissée foire, une plantation mal irriguée dépérit, une habitation non entretenue s’effondre, un rapport inapproprié à la langue maternelle affecte l’attention et la capacité de jugement.

 

Pour un traitement intelligent de la conduite délinquante, ce fléau doit être compris comme un effet dynamique dans un processus de désocialisation, que la personne affectée n'est pas en capacité de produire par elle-même. Car la personne s’élabore dans la société comme un bourgeon s’élabore sur sa branche : à sa place dans la chronologie de la pousse socio-éducative. Un bourgeon n'est pas une pièce rapportée. Il ne peut être ni emprunté ni importé ni transféré. Raison pour laquelle, dans la mesure où le décrochage scolaire et social est un fléau national, qu'il affecte des jeunes sans distinction d'origines comme des adultes, tous statuts sociaux confondus, il serait utile de s'intéresser au rapport possible entre la non intégration des règles qui structurent la langue et la non acquisition des codes et des clés qui structurent la vie en société[4]. Outre que ça manque franchement de moralité, sanctionner les inconduites de plus en plus durement ne transfigurera pas la faillite éducative. L’effet du procédé est l’institutionnalisation d’un amalgame responsable entre les causes et les conséquences. Un amalgame qui éparpille le stress national, les inquiétudes et les moyens, embrouillant tout le monde.

En voici un exemple récent (28 août 2015) : ma restitution à l'attention d'un Dispositif de Réussite Éducative suite à une intervention non rémunérée qui a fait l'objet de freinages systématiques injustifiables. Comme tous les textes publiés, celui-ci fait l'objet quand nécessaire d'une simplification de formulation ou de précisions pour une meilleure compréhension par le lecteur non impliqué.

 

Coopérer - Restituer

"J’ai bien reçu la dernière version de l’attestation de collaboration. Je vous dois une restitution. L’attestation de collaboration a fait l’objet de six demandes de correction pour aboutir à un document dont le contenu ne laisse pas de doute sur son authenticité. Auparavant, et depuis la signature de la convention, aucune initiative n’a été prise par les services du DRE sans une relance de ma part. Jusqu'à ma réclamation de la tenue du bilan final, qui a eu lieu cinq mois après la dernière séance du stage au lieu des quatre à six semaines dans des conditions normales.

 

Entre temps, on aura tenter de me priver du bénéfice de mon travail en m'expliquant que les résultats obtenus et constatés pour l'un des enfants n'étaient pas liés au stage mais à un travail d’équipe qui durait depuis un « certain temps ». Comme si les résultats avaient attendu la tenue du stage pour remonter à la surface. Heureusement, les effets du stage pour un deuxième enfant ne pouvaient pas être contestés : il n’était pas connu des services avant le stage. Si ce deuxième enfant avait lui aussi bénéficié d’une aide aussi insignifiante soit-elle avant le stage, aurait-on nié mon travail dans sa globalité ? Pourquoi ? Quel intérêt ou risque pour qui ? Sans communication sur ce sujet, toutes les questions se posent : pour quelle raison la tenue du stage s'est-elle faite au hasard de mes relances ? Pour quelle raison les enfants ont-ils été privés des trois séances complémentaires prévues et destinées à consolider les acquis constatés ? J’ai le sentiment d’un sabordage. Pourquoi ? Cette expérience n'était imposée à personne ...

 

... C’est par principe que j’ai tenu à obtenir l'attestation de collaboration qui mentionne les effets constatés.(ce qui a nécessité.six corrections avec correction de ma part !). Les conditions de la tenue du stage condamnait mon travail à l'échec ! Mais l'échec n'existe que pour ceux qui ne croient pas dans ce qu'ils font. Comme toutes les expériences précédentes, sans exception, celle-ci ne fait que me confirmer la justesse de mon fonctionnement : agir en accord avec moi-même, quitte à être très mal jugée, très mal notée, très mal traitée ..."

 

Un tel état d'esprit dans une société convaincue d'être civilisée-démocratique soulève un problème grave, et nécessite une réflexion grave. Non ! pas tragique, grave, sur le contenu de sa démocratie civilisée. Sur les prérogatives de l'Etat. Sur ses obligations, notamment celle-ci, qui devrait figurer en préambule : une information authentique, c'est-à-dire précise et utile, à l’attention des administrés.

لا

Partager cette page

Repost0